Quand le cerveau prend le courant : la stimulation non-invasive dans les douleurs nociplastiques et les troubles neurologiques fonctionnels
- melaniemahe
- 18 août
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 août
I. Introduction : quand la douleur joue au fantôme
Cet article s’appuie sur le chapitre « La stimulation cérébrale non-invasive dans les douleurs nociplastiques et les troubles neurologiques fonctionnels », rédigé par Raphaël Gonon-Demoulian (CHU Montpellier) et Béatrice Garcin (Hôpital Avicenne), dans l’ouvrage Les troubles neurologiques fonctionnels, coordonné par Béatrice Garcin, Alexis Homs et Isabel Tavares.
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II. La douleur nociplastique : quand le cerveau se met en boucle
Les douleurs nociplastiques surviennent sans lésion ni stimulation périphérique : elles résultent d’une sensibilisation centrale et d’une altération des contrôles inhibiteurs de la douleur.
« Les douleurs de mécanisme nociplastique sont définies comme une atteinte plus fonctionnelle, résultant d’une sensibilisation centrale et d’une altération des contrôles inhibiteurs de la douleur » (Gonon de Moulihan & Garcin, 2023).
Exemples : fibromyalgie, syndrome du côlon irritable, douleurs chroniques fonctionnelles.
👉 Traduction : le cerveau allume l’alarme douleur… sans qu’aucun feu ne soit déclaré.

À gauche : douleur classique (signal d’une lésion). À droite : douleur nociplastique (aucune lésion, mais sensibilisation centrale).
III. Les troubles neurologiques fonctionnels (TNF)
Les TNF sont des symptômes moteurs, sensoriels ou cognitifs, sans lésion neurologique identifiée.
« Les troubles neurologiques fonctionnels sont caractérisés par une altération de la communication entre régions cérébrales impliquées dans la régulation émotionnelle, la représentation de soi et les systèmes moteurs et sensitifs » (Garcin et al., 2023).
Bonne nouvelle : ils sont réversibles avec des soins adaptés. Mauvaise nouvelle : faute de reconnaissance, beaucoup de patients subissent des soins iatrogènes (c’est-à-dire aggravants).
IV. La boîte à outils électrique du neurologue
1. La RTMS – Stimulation magnétique transcrânienne répétitive
Technique : une bobine magnétique envoie des impulsions qui stimulent les neurones du cortex (jusqu’à 2 cm de profondeur).
Cibles principales :
M1 (cortex moteur primaire) – contrôle des mouvements.
CDLPF (cortex dorsolatéral préfrontal) – gestion des émotions et de la prise de décision.
Indications : utilisée depuis plus de 20 ans en psychiatrie, validée dans la dépression résistante et la douleur neuropathique chronique.
Tolérance : excellente, sauf contre-indication (matériel métallique intracrânien).
« La RTMS est utilisée en pratique clinique depuis plus de 20 ans, avec une efficacité démontrée dans la douleur neuropathique chronique » (Lefaucheur et al., Pain, 2014).
2. La TDCS – Stimulation transcrânienne à courant direct
Technique : deux électrodes (anode et cathode) appliquées sur le scalp délivrent un faible courant (1–2 mA).
Effets :
Anodique (+) → excitation (dépolarisation).
Cathodique (–) → inhibition (hyperpolarisation).
Particularité : technique infraliminaire (modifie le potentiel membranaire sans déclencher d’action immédiate).
Avantages : peu coûteuse, possible à domicile.
Limites : moins de preuves que la RTMS, mais des résultats prometteurs pour les douleurs chroniques.
« La tDCS, technique infraliminaire, modifie le potentiel de membrane sans déclencher de potentiel d’action, mais peut moduler durablement l’excitabilité corticale » (Nitsche & Paulus, Brain Stimulation, 2000).
Schéma explicatif : RTMS et TDCS

À gauche : RTMS avec bobine magnétique stimulant le cortex. À droite : TDCS avec électrodes anode (+) et cathode (–).
V. Ce qu’il faut retenir
La RTMS = le marteau magnétique high-tech du neurologue ⚡.
La TDCS = le chargeur USB low-cost du cerveau 🔋.
Les deux visent à recâbler les circuits de la douleur pour calmer la sensibilisation centrale.
👉 Moralité : si la douleur est un DJ qui refuse d’éteindre la musique, la neuromodulation est le bouton « mute » du cerveau.
Et la suite ?👉 Nous verrons dans un article futur les implications thérapeutiques concrètes de la RTMS et de la TDCS dans la prise en charge des douleurs nociplastiques et des TNF.
Références scientifiques solides
IASP Task Force on Classification of Chronic Pain. Pain 2019;160(1):19–27.
Stone J. et al. Functional neurological disorder: the neurological assessment as treatment. Lancet Neurol 2020;19(7):572–581.
Lefaucheur JP. et al. Evidence-based guidelines on the therapeutic use of repetitive transcranial magnetic stimulation. Pain 2014;155(11):2220–2239.
Nitsche MA, Paulus W. Excitability changes induced in the human motor cortex by weak transcranial direct current stimulation. Brain Stimulation 2000;3(4):206–216
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