Douleur nociplastique, neuropathique… ou juste dramatique ? On démêle tout ça
- melaniemahe
- 18 juin
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 sept.
« J’ai mal, docteur, mais je ne sais pas pourquoi. »
« Ah, c’est peut-être neuropathique… ou nociplastique… ou juste une réunion de famille. »
Bref, on va clarifier ce grand flou douloureux grâce au travail éclairant de Florian Bailly, dans Les Troubles Neurologiques Fonctionnels (coordonné par Béatrice Garcin, Alexis Homs et Isabel Tavares – lien Amazon ici).
Douleur : un trio pas très joyeux
🔹 Douleur nociceptive
Elle résulte d’une lésion tissulaire : fracture, brûlure, inflammation. Les nocicepteurs (capteurs de douleur) s’activent pour signaler qu’il y a un souci réel. Simple, direct.
🔹 Douleur neuropathique (DN)
Causée par une lésion ou une maladie du système nerveux somatosensoriel.
« La douleur neuropathique implique souvent une atteinte localisée, des décharges spontanées et la libération de neuromodulateurs excitant les circuits de la douleur. » – Florian Bailly
Impliqués : les microglies (cellules immunitaires du cerveau) et astrocytes (cellules de soutien). Quand ils s’activent, la douleur s’installe… même sans nouvelle blessure.
Exemple patient :
« Je sens comme des décharges électriques dans la jambe. Et ça, même allongé sans bouger. » – Jean-Marc
🔹 Douleur nociplastique
Une douleur sans lésion visible ni maladie nerveuse, mais avec un cerveau qui amplifie les signaux de douleur.
« La douleur nociplastique n’est ni une douleur nociceptive ni une douleur neuropathique. Elle implique une hypersensibilité centrale. » – Florian Bailly
Témoignage :
« On m’a dit que tout allait bien sur l’IRM. Mais j’ai mal partout, tout le temps. » – Camille, fibromyalgie
Le diagnostic : enquête de terrain
Première étape : questionnaire et entretien clinique sur les douleurs, leur durée, leur intensité, leur localisation.
Outils disponibles :
DN4 (Douleur Neuropathique 4) : questionnaire rapide validé.
LANSS : inclut aussi un examen clinique.
PainDetect : score de probabilité.
Évaluation de Leeds : pour estimer la nature neuropathique.
Inventaire des symptômes de la douleur neuropathique : permet d'identifier 5 sous-types de douleur.
Autres questionnaires : jusqu’à 12 items incluant sensations, réactions et aspects émotionnels.
Ces outils aident à détecter une composante neuropathique mais ne posent pas un diagnostic définitif.
Quand c’est vraiment neuropathique ?
On parle de DN certaine si :
La douleur est localisée sur un territoire innervé par un nerf lésé.
Il y a une preuve clinique ou paraclinique (IRM, électroneuromyographie).
IRM : imagerie qui visualise en détail les tissus mous et le système nerveux. Électroneuromyographie (ENMG) : mesure la conduction électrique des nerfs et la réaction des muscles.
Et quand c’est nociplastique ?
La douleur nociplastique est souvent diffuse, fluctuante, associée à :
Fatigue chronique
Troubles du sommeil
Anxiété, dépression
Troubles digestifs, urinaires
Maux de tête, troubles de la mâchoire (articulation temporo-mandibulaire)
« Les critères de sévérité de la fibromyalgie peuvent aider à repérer cette douleur, souvent qualifiée auparavant de "dysfonctionnelle". » – Florian Bailly
Ces douleurs n'ont pas besoin de preuve de lésion pour exister. Et non, ce n’est pas “dans la tête”.
TNF et douleur : un cocktail parfois explosif
Dans les troubles neurologiques fonctionnels (TNF) :
47 % des patients avec crises dissociatives rapportent une douleur chronique
Jusqu’à 79 % dans les troubles moteurs
Et selon Bailly, la douleur nociplastique prédomine :
« Les patients avec TNF partagent de nombreux points communs avec les patients atteints de fibromyalgie ou du syndrome douloureux régional complexe. »
Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC) : douleur chronique intense souvent post-traumatique, avec symptômes disproportionnés (douleur brûlante, œdème, changement de couleur ou de température).
On fait quoi alors ?
Objectif : réduire l’impact de la douleur sur la vie.
Prise en charge recommandée :
TCC (Thérapies Cognitivo-Comportementales) :Psychothérapie courte pour modifier les pensées et comportements face à la douleur.
Méditation pleine conscience : se recentrer, réduire l’amplification mentale de la douleur.
Activité physique adaptée : progressive et régulière.
Antalgiques ponctuels si nécessaire.
AINS (Anti-Inflammatoires Non Stéroïdiens) : ils réduisent l’inflammation mais sont peu efficaces pour les douleurs neuropathiques ou nociplastiques.
Résumé express :
Type de douleur | Cause | Lésion visible ? | Traitement |
Nociceptive | Lésion tissulaire | Oui | AINS, antalgiques |
Neuropathique (DN) | Lésion/maladie nerf | Oui | Médicaments spécifiques |
Nociplastique | Altération nociceptive centrale | Non | TCC, activité physique, médication ciblée |
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