top of page

Se raccrocher à la réalité : l’art (parfois acrobatique) de l’ancrage contre les crises fonctionnelles dissociatives

  • melaniemahe
  • 14 oct.
  • 7 min de lecture

Introduction : quand ton cerveau décide de faire “alt + suppr”

Ah, les crises fonctionnelles dissociatives… ce moment où ton esprit se déconnecte du Wi-Fi corporel, te laissant en mode “spectateur d’un film flou tourné en direct”. Sensation d’irréalité, perte de repères, flottement : bienvenue dans le monde merveilleux de la dissociation, ce mécanisme de survie que ton cerveau enclenche pour te protéger d’une surcharge émotionnelle.

Mais ce n’est pas toujours une histoire d’émotion. Les crises peuvent aussi se déclencher dans des moments bien plus discrets : après un effort physique, un manque de sommeil, ou une fatigue cérébrale intense.


La fatigue : ce déclencheur qu’on sous-estime (et qui ne crie pas toujours “danger”)

Contrairement à ce que l’on croit, une crise dissociative ne survient pas forcément après un choc émotionnel. Parfois, le simple épuisement du système nerveux suffit. Et cet épuisement a deux visages :


La fatigue physique

Après un effort, une séance de kinésithérapie, un déplacement, ou une mauvaise nuit, le corps peut “débrancher” pour se protéger. Le cerveau, en manque d’énergie, ferme les circuits non essentiels — y compris ceux de la conscience corporelle. Résultat : la fameuse sensation de déconnexion.


La fatigue mentale ou cognitive

C’est celle qu’on ne voit pas venir. Elle ne se traduit pas forcément par des bâillements ou des muscles lourds, mais par une surcharge du cerveau dans sa gestion de l’attention, du langage, des émotions et du contrôle moteur. Elle peut apparaître après :

  • une longue journée à se concentrer,

  • des échanges sociaux fatigants,

  • des bruits constants,

  • une réunion, un écran, une lumière trop forte,

  • ou même… après avoir “trop pensé”.


Selon des travaux de M. Cleret de Langavant et al. (Revue Neurologique, 2022), la fatigue cognitive correspond à une altération temporaire du fonctionnement des réseaux frontaux et pariétaux, ceux qui assurent la vigilance et la cohérence des perceptions. Quand ils s’épuisent, le cerveau n’arrive plus à “lier” toutes les informations sensorielles, ce qui peut provoquer une sensation de flou, de déréalisation ou de dissociation.


Des chercheurs comme Stone et Carson (Journal of Neurology, Neurosurgery & Psychiatry, 2020) ont également montré que les personnes souffrant de troubles neurologiques fonctionnels (TNF) présentent une vulnérabilité accrue à la fatigue mentale, avec un effet cumulatif : plus les journées sont “cognitivement denses”, plus le risque de symptômes augmente (crises, douleurs, tremblements, chutes, ou dissociation).


En résumé : le cerveau a besoin de repos autant que le corps. Trop de pensées, de stimulations ou de concentration peuvent provoquer la même réaction qu’un trop-plein émotionnel.


Mais bonne nouvelle : on peut apprendre à se reconnecter. Des techniques comme l’ancrage, la respiration, la pleine conscience, la sophrologie, l’hypnose ou encore les thérapies cognitives et comportementales (TCC) peuvent t’aider à reprendre pied.


L’ancrage : ton GPS corporel pour revenir “ici et maintenant”

Inspiré du travail du Dr Igor Thiriez (Fiche d’ancrage, version 3.1, 21/11/2021), ce document propose des gestes simples selon tes capacités du moment.


Si tu peux bouger : activer le mode “super-héros discret”

  • Serre/desserre les poings, sens tes muscles.

  • Tiens-toi sur tes talons, ressens ton poids.

  • Marche lentement, compte tes pas.

  • Manipule un objet familier (galet, balle molle, peluche).


Si tu peux parler : redeviens le commentateur de ta vie

  • Dis 5 choses que tu vois, 4 que tu entends, 3 que tu touches, 2 que tu sens, 1 que tu goûtes.

  • Encourage-toi (“ça va passer”, “je gère”).

  • Décris un objet comme si tu faisais un documentaire.

  • Chante ou récite une phrase apaisante.


Si tu peux penser : faire travailler ton cerveau sans qu’il te joue des tours

  • Imagine-toi protégé par une bulle invisible.

  • Joue à citer des pays ou des fruits par ordre alphabétique.

  • Visualise un endroit sûr et agréable.

  • Promets-toi une récompense quand la crise sera passée.


Si tu peux sentir : te reconnecter au corps

  • Ressens ta respiration.

  • Sens le contact de tes vêtements, du sol, de la chaise.

  • Bois un verre d’eau, respire lentement… tu es là.


💡 Astuce : entraîne-toi régulièrement, même quand tout va bien. Le cerveau adore les automatismes, surtout en cas de panique.


La méditation de pleine conscience : apprivoiser le moment présent

La pleine conscience (ou “mindfulness”) consiste à observer ses sensations et émotions sans jugement, à ramener doucement son attention à l’instant présent.


Les programmes MBSR (Mindfulness-Based Stress Reduction) et MBCT (Mindfulness-Based Cognitive Therapy) ont prouvé leur efficacité pour réduire stress, anxiété et dépression (Hofmann et al., J. Consult. Clin. Psychol., 2010).

Elle aide aussi à repérer les signaux avant la dissociation et à ralentir le basculement. Cependant, certaines personnes traumatisées doivent être accompagnées pour éviter de raviver des souvenirs douloureux.


La respiration : ton superpouvoir anti-crise

Respirer lentement et profondément active le nerf vague, ce grand régulateur du calme intérieur.

  • Pratique la cohérence cardiaque : inspire 5 secondes, expire 5 secondes, pendant 5 minutes.

  • Essaie RespiRelax+ (Thermes d’Allevard), une application gratuite guidant ta respiration.👉 Télécharger ici sur Google Play


Selon Lehrer et al. (Appl. Psychophysiol. Biofeedback, 2020), ces exercices réduisent la tension nerveuse et améliorent la régulation émotionnelle.


La sophrologie : entre yoga mental et sieste guidée

La sophrologie combine respiration, détente musculaire et visualisations positives. Elle aide à reconnecter le corps et à calmer les tensions.

Une étude (Lefebvre et al., Annales Médico-Psychologiques, 2019) montre qu’elle favorise la régulation émotionnelle et améliore la perception corporelle.

Bref, une sieste consciente pour apprivoiser son corps, sans ronfler (ou presque).


L’hypnose : quand ton inconscient devient ton coéquipier

L’hypnose Ericksonienne permet de se mettre dans un état de conscience modifié, pour reprogrammer des réactions émotionnelles et apaiser les zones du cerveau en alerte.


La Psychothérapie du Trauma Réassociative (PTR), développée par Gérald Brassine (Université Libre de Bruxelles), utilise l’hypnose conversationnelle pour “réassocier” les parties dissociées. Des études exploratoires à l’ULB montrent une diminution des symptômes après quelques séances.


⚠️ À pratiquer uniquement avec un thérapeute formé, dans un cadre sécurisant.


Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) et leurs cousines stabilisantes

Les TCC visent à repérer et modifier les pensées ou comportements qui entretiennent la détresse (“je vais perdre le contrôle”, “je suis faible”). Elles sont souvent combinées à d’autres approches pour traiter les troubles neurologiques fonctionnels et les états dissociatifs.


L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing)

L’EMDR est une méthode validée par l’OMS et la HAS. Elle consiste à retraiter des souvenirs traumatiques à travers des mouvements oculaires bilatéraux (ou stimulations alternées gauche-droite).Cela permet au cerveau d’“archiver” les souvenirs émotionnellement non digérés, de réduire leur intensité et les symptômes associés (Shapiro, 2018).


👉 En clair : on aide le cerveau à ranger les vieux dossiers traumatiques au bon endroit.


Les thérapies de stabilisation émotionnelle

Avant d’aborder un trauma profond, il faut d’abord stabiliser le système émotionnel. Ces thérapies visent à réapprendre au corps et au cerveau à se réguler :

  • reconnaître les signaux de stress,

  • utiliser des outils d’apaisement (respiration, ancrage, visualisation),

  • renforcer la sécurité intérieure avant d’explorer les souvenirs difficiles.


Des protocoles comme Skills Training in Affective and Interpersonal Regulation (STAIR) ou les approches inspirées de la Thérapie des États du Moi sont souvent utilisés (Cloitre et al., 2010).


La thérapie des schémas

Développée par Jeffrey Young, cette approche aide à repérer et modifier les “schémas précoces inadaptés” — ces modes de pensée issus de blessures anciennes (“je ne vaux rien”, “les autres vont m’abandonner”, etc.).


Elle combine des techniques cognitives, émotionnelles et relationnelles pour transformer ces schémas et apprendre à répondre différemment aux situations du présent. C’est un peu comme faire une mise à jour logicielle du cerveau émotionnel.


Ce n’est pas magique… mais ça aide souvent

Soyons honnêtes : aucune technique n’est infaillible. Mais avec le temps, la répétition et l’accompagnement, beaucoup de personnes rapportent :

  • moins de crises,

  • des symptômes plus légers,

  • un meilleur sentiment de contrôle,

  • et parfois… des rémissions durables.


Libérer la parole : ton témoignage compte

Tu as testé une technique d’ancrage, de respiration ou d’hypnose ?Tu veux partager ce qui t’a aidé (ou pas du tout) ?


👉 Laisse ton témoignage dans les commentaires ou via la page contact du blog. Parler de son vécu, c’est déjà une forme d’ancrage — et ça aide à briser le silence autour des TNF et des crises dissociatives.


🔗 À lire aussi sur Ensemble TNF

🧾 Bibliographie

  • Thiriez, I. (2021). Fiche Ancrage – version 3.1. igorthiriez.com

  • Cleret de Langavant, M., et al. (2022). La fatigue cognitive dans les troubles neurologiques fonctionnels. Revue Neurologique, 178(4), 243-250.

  • Stone, J., & Carson, A. (2020). Functional neurological disorder: New subtypes and mechanisms. Journal of Neurology, Neurosurgery & Psychiatry, 91(10), 1038-1045.

  • Shapiro, F. (2018). Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR) Therapy. Guilford Press.

  • Cloitre, M., et al. (2010). Skills Training in Affective and Interpersonal Regulation (STAIR): A therapy for PTSD and emotion regulation. American Journal of Psychiatry, 167(8), 940-948.

  • Young, J. E., Klosko, J. S., & Weishaar, M. E. (2014). Schema Therapy: A Practitioner’s Guide. Guilford Press.

  • Hofmann, S. G., Sawyer, A. T., Witt, A. A., & Oh, D. (2010). The effect of mindfulness-based therapy on anxiety and depression: A meta-analytic review. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 78(2), 169-183.

  • Khoury, B., et al. (2015). Mindfulness-based therapy: A comprehensive meta-analysis. Clinical Psychology Review, 33(6), 763-771.

  • Lehrer, P. M., Gevirtz, R., & Vaschillo, E. (2020). Heart rate variability biofeedback: Mechanisms and clinical applications. Applied Psychophysiology and Biofeedback, 45(3), 171-179.

  • Laborde, S., et al. (2022). Heart rate variability and emotion regulation: A psychophysiological perspective. Frontiers in Psychology, 13, 857406.

  • World Health Organization. (2013). Guidelines for the management of stress-related disorders. OMS, Genève.


ree

Hashtags



Commentaires

Noté 0 étoile sur 5.
Pas encore de note

Ajouter une note

📬 Abonnez-vous à la newsletter

Recevez les nouveaux articles, ressources et témoignages directement dans votre boîte mail.

Restez Connecté avec Nous

 

 

 

 

Ensemble, on avance mieux… et bien informés.

À très bientôt dans votre boîte mail 💌

  • Les fils
  • Instagram
  • Facebook
  • LinkedIn

Suivez Ensemble TNF sur les réseaux sociaux

ensembletnfcaa@gmail.com

© Ensemble TNF – 2025

Mentions légales

Politique de confidentialité

Accessibilité

© 2035 by Exploration du Trouble Neurologique Fonctionnel Comprendre, Accepter et Agir. Powered and secured by Wix 

bottom of page