Kinésithérapie et troubles neurologiques fonctionnels : le mouvement dans tous ses états
- melaniemahe
- 29 juil.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 sept.
I. Introduction : pourquoi la kinésithérapie est un pilier du traitement des TNF
Les troubles neurologiques fonctionnels (TNF) sont des troubles réels du mouvement, sans lésion cérébrale détectable. Ils posent un défi passionnant à la kinésithérapie, discipline qui allie science du mouvement et pédagogie du corps. Le kinésithérapeute devient ici traducteur entre le cerveau qui bugue et le corps qui attend des consignes claires.
« L’objectif n’est pas seulement de restaurer un mouvement, mais de reconstruire une logique motrice fonctionnelle qui a perdu son sens. »— Gauthier Rollin, Clinique du sport Paris V
II. Méthodologie : les techniques recommandées pour réapprivoiser le mouvement
A. Techniques actives à privilégier
Le cœur du programme de rééducation est constitué de techniques actives, qui sollicitent une participation volontaire du patient et stimulent des schémas moteurs sains.
Exposition avec contrôle :
« L’exposition graduelle aux tâches motrices perçues comme menaçantes permet d’amener des ajustements cognitifs, émotionnels et comportementaux nécessaires à la récupération. »— Rollin, 2024
Témoignage de Clara, 26 ans (TNF moteur, jambe gauche) :
« C’est en m’amusant à marcher en rythme sur une chanson stupide que j’ai senti ma jambe se remettre à bouger normalement. Je n’y croyais pas. Et pourtant… »
Double tâche et distraction cognitive : Faire deux choses à la fois détourne l’attention du symptôme. Par exemple :
marcher en discutant
pédaler en comptant les jours fériés du mois d’août
faire les courses tout en récitant les ingrédients d’un tiramisu
Activités automatiques : Marche, vélo, gestes du quotidien sans surcharge de réflexion : ici, le cerveau retrouve ses réflexes naturels.
Visualisation (si bien tolérée) : Imaginer un mouvement fluide aide parfois à en déclencher la réalisation physique. Mais attention à ceux chez qui cela aggrave l’auto-surveillance.
III. Résultats attendus : retour à l’autonomie et reprogrammation motrice
A. Objectifs thérapeutiques
Les objectifs visent à :
restaurer une mobilité fonctionnelle
réduire la peur du mouvement
reconditionner l’effort
changer les croyances erronées (« si je bouge, je vais empirer »)
« Les expériences motrices positives corrigent les associations apprises entre symptômes et menace. »— Rollin, 2024
Témoignage de Maxime, 41 ans (syndrome de conversion fonctionnel) :
« Le kiné m’a fait taper dans un ballon sans que je le voie venir. C’est idiot, mais mon pied a suivi tout seul. Je ne me suis même pas rendu compte que j’avais bougé. »
IV. Discussion : ce qu’il faut éviter pour ne pas aggraver la situation
Le kiné, tel un jardinier du système nerveux, doit éviter certains engrais trop puissants.
A. Techniques passives déconseillées
Massage passif ou mobilisations prolongées
Exercices douloureux ou forcés
Maintien prolongé d’une aide technique (canne, attelle)
Schémas moteurs dégradés répétés
« Les aides techniques doivent être utilisées avec parcimonie, dans une perspective transitoire et éducative. »— Rollin, 2024
B. Ce qu’il faut absolument éviter :
Répéter les échecs : « ça ne marche pas ? Recommençons sans stratégie » = NON.
Encourager l’évitement ou la passivité
Privilégier la performance au détriment de l’expérience
Témoignage de Léa, 33 ans :
« Pendant des mois, j’ai fait des exercices pour ‘renforcer’ ma jambe, mais on ne m’expliquait pas pourquoi je ne marchais toujours pas normalement. Avec ce nouveau kiné, j’ai compris que c’était mon cerveau qu’il fallait convaincre. »
V. Recommandations pratiques et prise en charge globale
A. Principes généraux à respecter
Principe clé | Explication |
Créer une attente de mouvement | Le cerveau anticipe et prépare mieux les gestes |
Travailler sur la fonction | Exemple : marcher pour aller chercher un objet, pas juste marcher en rond |
Éviter le surprotectionnisme | Trop aider = empêcher le réapprentissage |
Impliquer les aidants | La famille peut soutenir la stratégie thérapeutique |
Adapter le rythme | Avec la méthode du pacing, on apprend à écouter son corps sans le fuir |
Définition du pacing : méthode de gestion de l’activité visant à adapter la dose d’effort au quotidien en fonction des symptômes (fatigue, douleur, trouble moteur), afin d’éviter les phases d’épuisement et les arrêts brutaux.
B. Mode de vie et changement durable
Encourager l’activité physique régulière (marche, danse, natation douce)
Améliorer le sommeil (routine, relaxation, limitation des écrans)
Proposer des exercices simples, ludiques et auto-encadrés
Travailler sur les croyances : « ce n’est pas dans ma tête, mais ça part de mon cerveau »
Témoignage de Dany, 59 ans :
« J’ai recommencé à bricoler, à mon rythme. Et même si je suis plus lent, je me sens vivant. »
VI. Conclusion : kiné et TNF, un duo qui fait du chemin
La kinésithérapie, lorsqu’elle est adaptée, active, bienveillante et motivante, peut transformer profondément le vécu corporel des patients atteints de troubles neurologiques fonctionnels. Il ne s’agit pas simplement de bouger, mais de réapprendre à faire confiance à son corps, à ses sensations, et surtout, à ses capacités.
« La kinésithérapie est une éducation du mouvement, et non une correction mécanique. »— G. Rollin, 2024
À relire sur le blog Ensemble TNF-CAA :
📚 Références :
Les troubles neurologiques fonctionnels, coordonné par Béatrice Garcin, Alexis Homs et Isabel Tavares – Éditions Elsevier Masson, 2024.🔗 Disponible ici :
Gauthier Rollin, « Troubles neurologiques fonctionnels moteurs et kinésithérapie », in Les troubles neurologiques fonctionnels, 2024.

📲 Hashtags :
#TNF #Kinésithérapie #TroublesFonctionnels #Neuroplasticité #DoubleTâche #Pacing #SantéCorpsEsprit #ReeducationActive #BlogSanté #EnsembleTNFCAA





Commentaires