Les objectifs de soins pour les TNF : Entre SMART goals et gym douce du cortex
- melaniemahe
- 29 juin
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 sept.
Parce qu’on peut viser la lune, mais pour les TNF, on commence par viser la cuisine.
Les objectifs de soins, ça sonne sérieux, non ? Pourtant derrière ce jargon se cache une vraie boussole pour avancer quand on vit avec des troubles neurologiques fonctionnels (TNF).
Ces objectifs sont ceux mis en œuvre à la clinique Bipol-AIR, un centre de référence dans la prise en charge des TNF. Là-bas, soignants et patients construisent ensemble une trajectoire réaliste, progressive…
Entre SMART goals et gym douce du cortex, petit tour d’horizon de ce qu’on peut vraiment viser, quand on commence à se reconstruire.
Réapprendre à viser juste (sans trembler)
Dans les troubles neurologiques fonctionnels (TNF), il ne s’agit pas simplement de “guérir” (ce n’est pas une grippe), mais de redonner au patient une vraie place dans la société, et pas seulement dans la salle d’attente. Comment ? En le guidant vers un mode de vie plus satisfaisant, plus aligné avec ses besoins, ses envies, et son énergie (même si elle a tendance à faire la sieste).
Comme le rappellent Gharib, Labouré et Christot : « L’objectif principal est de favoriser la réappropriation du pouvoir d’agir du patient dans sa vie quotidienne. »
Psychoéducation : Le savoir, c’est le pouvoir (même en jogging)
Première escale : la psychoéducation, la base de la base. Elle fait consensus (un mot rare en médecine, comme les licornes).
Le psychiatre explique ce qui cause le bazar neurologique.
Le kinésithérapeute démonte les fausses croyances (“Non, votre jambe ne vous déteste pas.”), et montre avec tact que votre bras gauche bouge très bien… dès qu’il n’a pas l’attention d’un jury.
Démo magique : manœuvres de détournement attentionnel. “Regardez là-bas !” Hop, votre pied danse la samba.
« La compréhension du trouble par le patient constitue un préalable indispensable à l’engagement dans les soins. » (Nicholson C., dans Les troubles neurologiques fonctionnels, 2021)
Zoom sur les facteurs de maintien : le duo kinésithérapeute-psychiatre au rapport
Quand les symptômes s’installent comme un invité surprise qu’on n’avait pas prévu, on envoie la brigade :
Le kinésithérapeute identifie ce que le corps endure.
Le psychiatre explore les représentations mentales associées.
Ensemble, ils démasquent les pensées adaptatives négatives ("Je ne peux rien faire", "Je dérange"). Résultat : un petit déclic qui peut tout changer.
« La mise en lumière des facteurs de maintien permet une prise de recul du patient sur sa propre symptomatologie et ouvre la voie au changement. » (Gharib et al., 2021)
Objectifs SMART : Quand kinésithérapeute et psychiatre jouent en équipe
Voici le duo gagnant du centre de soins : rééducation physique x remédiation psychologique.
Le psychiatre explore les valeurs, les limites, les envies du patient.
Le kiné s’appuie dessus pour définir des objectifs motivants.
Et ensemble, ils sortent les objectifs SMART (Spécifiques, Mesurables, Atteignables, Réalistes, Temporellement définis). Parce qu’on avance mieux avec un plan qu’avec un post-it : "Ne pas oublier d’aller mieux".
« La co-construction d’objectifs SMART entre les différents intervenants permet une continuité du projet de soins et une meilleure implication du patient. » (ibid.)
L’énergie : ce bien précieux qu’on gère comme un téléphone portable en fin de batterie
Le duo kinésithérapeute-psychiatre utilise ici le modèle des 5 domaines de Christopher Williams, psychiatre britannique spécialiste de la thérapie cognitive. Ce modèle aide à relier pensées, émotions, comportements, sensations physiques et environnement pour enclencher le changement.
Objectif : lutter contre les schémas épuisants comme :
le perfectionnisme,
le surmenage,
ou la fameuse pensée “si je ne fais pas tout, je suis nul”.
Côté psychiatre : gestion du stress, restructuration cognitive, apprentissage de l’auto-compassion.
Côté kinésithérapeute : activation comportementale (bouger pour retrouver du plaisir), ancrage corporel, exposition progressive.
L’activation comportementale consiste à programmer des activités gratifiantes malgré les fluctuations de l’humeur ou de l’énergie. Ça sonne comme de la magie, mais c’est scientifique.
« L’approche cognitivo-comportementale permet d’agir sur les comportements d’évitement et les croyances dysfonctionnelles à l’origine de l’épuisement. » (Williams C., cité par Gharib et al.)
Les objectifs quantitatifs : Le patient noté… mais pas jugé
Pas de prise en charge sans un peu de chiffres (mais rassurez-vous, pas de dictée de nombre premiers).
À l’entrée, puis tous les 6 mois, puis à la sortie : tests standardisés.
Passation par le patient, le psychiatre référent et l’infirmier référent, via une plateforme numérique.
Objectif : suivre l’évolution clinique, adapter les soins, et participer à la recherche sur :
la qualité de vie,
l’alexithymie (difficulté à identifier et exprimer ses émotions),
les expériences dissociatives,
les traumatismes infantiles,
le sommeil (ou l’art de dormir sans que ce soit sportif).
« L’évaluation standardisée permet un suivi précis des effets du traitement et une analyse scientifique des corrélats cliniques du TNF. » (Garcin B., 2021)
Conclusion : Une prise en charge qui vise loin (et droit)
Le TNF, ce n’est pas juste une énigme médicale, c’est un défi humain, émotionnel et logistique. Mais avec une équipe soudée, un patient impliqué, et une dose d’humour (prescrite à volonté), les choses bougent. Et la qualité de vie, elle, repart en mission.
Dans notre prochain article, on parlera des limitations de cette belle théorie : car entre l’idée et la réalité, il y a parfois un gouffre (rempli de paperasse et de fatigue).
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