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Les troubles neurologiques fonctionnels : quand la MPR devient un travail d’équipe

  • melaniemahe
  • 24 sept.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 25 sept.


Introduction

Les troubles neurologiques fonctionnels (TNF), c’est un peu comme avoir un ordinateur flambant neuf… mais dont le logiciel plante au moment où vous cliquez sur « démarrer ». Le matériel (le corps) est en parfait état, mais les commandes ne passent pas toujours. Bonne nouvelle : contrairement aux vieux PC, on peut réinstaller le système sans tout jeter !


À la clinique FSEF Rennes-Beaulieu, la médecin MPR Margot Benjamin et le psychologue Pierre Durand ont développé un programme de soins pour adolescents et jeunes adultes, présenté dans l’ouvrage Les troubles neurologiques fonctionnels (coordonné par Béatrice Garcin, Alexis Homs et Isabel Tavares).


Spoiler : ici, on mélange kiné, ergo, psycho, sport, balnéo et même un peu de musicothérapie. Le tout avec une bonne dose d’humour et beaucoup d’humanité.


1. La consultation médicale MPR : poser le décor

Le médecin commence par une synthèse complète : histoire médicale et personnelle, croyances du patient, acceptation du diagnostic.

Particularité TNF : dépistage systématique de troubles associés (douleurs nociplastiques, troubles sensoriels, anxieux ou cognitifs).


L’annonce du diagnostic : moment clé

Plutôt que de dire « vous avez un TNF », on reformule avec une métaphore :

« Votre corps est en parfait état, mais c’est le logiciel qui bugue. Heureusement, on peut le reprogrammer. »

Selon l’équipe, 30 % des patients s’améliorent rien qu’avec cette explication.


Témoignage :« Quand on m’a expliqué que mon corps n’était pas cassé, juste en mode “erreur système”, j’ai respiré. J’étais réparable. » (Emma, 19 ans)


2. Kinésithérapie : bouger autrement

Ici, pas de « testing analytique » (autrement dit : isoler un muscle comme dans un cours de dissection). On privilégie :

  • une approche fonctionnelle, axée sur les tâches de la vie réelle,

  • les double tâches (marcher tout en parlant, bouger en jouant à la Wii),

  • les exercices automatiques et ludiques (Blaze Pods, réalité augmentée).


Objectif : détourner l’attention du symptôme et valoriser chaque progrès.


Citation :

« Les exercices orientés vers des tâches significatives renforcent durablement l’autonomie. » (Garcin et al., 2022)

3. Ergothérapie : réapprendre le quotidien

Première étape : la Mesure canadienne du rendement occupationnel (MCRO), qui identifie 3 ou 4 activités prioritaires (prendre le bus, cuisiner, retourner à l’école…).

Ensuite :

  • Self-management : apprendre à gérer ses symptômes au quotidien,

  • Enablement process : redevenir acteur de sa vie,

  • Réexposition progressive aux hypersensibilités (bruit, lumière, mouvements),

  • Utilisation minimale des aides techniques (juste pour franchir une étape).


Témoignage :« Mon ergo m’a fait refaire des pâtes sans paniquer. C’est bête, mais j’avais l’impression de gagner les JO. » (Lucas, 21 ans)


4. Psychologie et psychoéducation : l’alliance avant tout

Chaque patient rencontre un psychologue, souvent pour la première fois. La première séance est consacrée à la psychoéducation : comprendre pourquoi la psychologie est essentielle dans les TNF.


Évaluations possibles :

  • TAS-20 (alexithymie = difficulté à identifier ses émotions),

  • HAD (anxiété, dépression),

  • PCL-5 (traumatismes),

  • ACE (Adverse Childhood Events).


    Les Adverse Childhood Events (événements indésirables de l’enfance) regroupent des expériences traumatisantes ou stressantes vécues avant 18 ans : violences, négligence, perte d’un parent, exposition à des addictions ou à des violences familiales.


    Ces événements peuvent fragiliser durablement la santé et constituent des facteurs de risque dans l’apparition ou le maintien des troubles neurologiques fonctionnels.

    Felitti et al., 1998 ont montré que plus le nombre d’ACE augmente, plus le risque de développer des troubles chroniques (douleur, anxiété, dépression, TNF…) est élevé.


Objectifs :

  • Gérer stress et émotions,

  • Améliorer estime de soi,

  • Lutter contre l’évitement,

  • Élaborer un plan personnalisé selon les fameux 3P : prédisposants, précipitants, pérennisants.


5. Activités physiques adaptées (APA) : le sport version bienveillante

Ici, pas de chrono ni de podium. L’idée est de retrouver :

  • du muscle et du cardio,

  • de la confiance en soi,

  • et surtout… du plaisir et du lien social.

Certaines séances se font en partenariat avec des clubs locaux (handi-kayak, maisons sport-santé).


6. Relaxation et méthodes psychocorporelles : un potentiel sous-exploité

Relaxation, musicothérapie (Music Care), respiration, Pilate adapté…

Problème : peu d’adhésion des patients TNF malgré leur intérêt théorique. Hypothèse de l’équipe : manque d’explications, donc manque de sens.


Piste à développer : mieux informer = meilleure participation.


7. Insertion sociale et professionnelle : préparer le futur

L’unité COMETE intervient pour faciliter le retour aux études ou à l’emploi.

  • Ergonomes du travail,

  • Assistante sociale,

  • Partenariats avec médecin du travail, mission locale, services universitaires.

Objectif : que le TNF ne soit pas un frein à l’avenir.


Et pour les adultes ? Un grand manque en France (et ailleurs)

Ce programme est une pépite pour les jeunes patients, mais il a un défaut majeur : il n’existe pas en version complète pour les adultes.


Résultat : insertion sociale et professionnelle, relaxation, méthodes psychocorporelles, activité physique adaptée… restent encore trop peu accessibles aux adultes souffrant de TNF.

Et ce n’est pas qu’un problème français : de nombreux pays n’ont pas encore mis en place de centres pluridisciplinaires offrant cette prise en charge intégrale.


Message fort : il y a urgence à développer des structures adaptées aux adultes, car les besoins restent immenses.


Conclusion

Les programmes de MPR pour adolescents et jeunes adultes montrent que la prise en charge des TNF doit être globale, personnalisée et collaborative.

Entre kiné, ergo, psycho, sport, balnéo et un soupçon de relaxation, l’objectif reste le même : redonner autonomie, confiance et perspectives.

Pour les patients et familles en recherche d’informations, un relais précieux existe : l’association CAP-TNF. Elle propose des ressources, des témoignages et du soutien.


Pour plonger dans les détails : Troubles neurologiques fonctionnels.


🔗 À lire aussi sur le blog Ensemble TNF-CAA :


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