Kinésithérapie et TNF moteurs : pas besoin d’être mentaliste, juste kiné (et patient)
- melaniemahe
- 21 juil.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 7 août
1. Introduction
Les troubles neurologiques fonctionnels moteurs (TNF) donnent parfois l'impression que le corps fait grève… sans préavis. La kinésithérapie ne vient pas « forcer » ce corps, mais propose une approche progressive, humaine et éclairée.
Cet article, basé sur l’ouvrage collectif Les troubles neurologiques fonctionnels (coordonné par Béatrice Garcin, Alexis Homs et Isabel Tavares) et l’article de Gauthier Rollin (Clinique du Sport Paris V), vous présente les étapes essentielles de la prise en charge kinésithérapique des TNF moteurs, avec un brin d’humour (parce que le sourire aussi fait partie du soin).
2. Bilan initial : poser les bases avant de bouger
2.1. Un bilan global et patient-centré
Avant de proposer le moindre exercice, il est essentiel de comprendre la situation du patient dans toute sa complexité : symptômes moteurs, manifestations associées (fatigue, douleur, vertiges), impact sur la vie quotidienne, compréhension du diagnostic.
« Le bilan initial permet d’identifier non seulement les signes moteurs, mais aussi les symptômes associés (douleurs, fatigue, vertiges), qui constituent les principaux freins à la rééducation. »— Gauthier Rollin
Témoignage :
« J’étais persuadée que j’avais une maladie rare. Le kiné m’a dit : “On va faire le point ensemble avant de tirer des conclusions.” J’ai senti qu’on me prenait enfin au sérieux. »— Camille, 42 ans
2.2. Vérifier l’adhésion au diagnostic
Le TNF étant un diagnostic parfois mal compris, il est essentiel de vérifier l’acceptation du patient. Si ce dernier reste focalisé sur un autre diagnostic ou refuse la rééducation, l’envoi chez un kinésithérapeute est prématuré.
« S’il est clair qu’à cette étape, le patient est très fixé sur un diagnostic différentiel […] alors il semble inapproprié de l’adresser vers un kinésithérapeute. »— Gauthier Rollin
3. Créer une alliance thérapeutique solide
3.1. Une relation de confiance avant tout
L’alliance thérapeutique n’est pas un « bonus relationnel » : c’est la colonne vertébrale de la prise en charge. Elle conditionne la compréhension, l’adhésion, et l’efficacité du traitement.
« La qualité de la relation thérapeutique est centrale dans la prise en charge des patients présentant un TNF. »— Gauthier Rollin
3.2. Principes de communication bienveillante
Le kinésithérapeute doit :
Écouter et valider la plainte
Éviter tout jugement
Expliquer le diagnostic de façon positive
Proposer des solutions concrètes plutôt que chercher une cause psychologique unique
Témoignage :
« Mon kiné m’a dit : “Vous avez un dysfonctionnement potentiellement réversible, pas une maladie dégénérative.” J’ai eu l’impression qu’on ouvrait enfin une porte. »— Nora, 29 ans
4. Utiliser des métaphores pour mieux faire comprendre
4.1. Des images pour parler au cerveau
Le TNF n’est pas toujours facile à expliquer. Les métaphores permettent de rendre le trouble plus compréhensible pour le patient :
« Le cerveau ne donne pas le bon programme moteur. »
« C’est comme un chef d’orchestre qui n’arrive pas à synchroniser les musiciens. »
« Votre système d’alarme est trop sensible. Il sonne même sans danger. »
« L’utilisation de métaphores est un outil très efficace qui peut expliquer simplement le trouble neurologique fonctionnel. »— Gauthier Rollin
Témoignage :
« J’ai compris grâce à l’image de l’alarme qui se déclenche pour rien. Enfin, quelqu’un parlait mon langage. »— Karim, 36 ans
4.2. Expliquer que le mouvement peut revenir
« La démonstration que le mouvement normal est possible est un argument puissant pour convaincre le patient que le trouble est potentiellement réversible. »— Gauthier Rollin
Témoignage :
« Le kiné m’a aidée à lever le bras sans que je comprenne comment. Il m’a dit : “Regardez, c’est là, en vous.” J’ai pleuré… de soulagement. »— Hélène, 51 ans
5. Travailler sur le vécu, pas seulement le mouvement
5.1. Explorer l’histoire et les croyances du patient
Le kinésithérapeute ne traite pas un symptôme isolé. Il prend en compte :
Le contexte de vie
Les croyances et représentations
Les facteurs physiques et psychologiques
Les stratégies d’adaptation
Les objectifs du patient
« L’écoute du contexte, des caractéristiques des symptômes moteurs, des facteurs liés au mode de vie, est essentielle. »— Gauthier Rollin
5.2. Valoriser l'effort et renforcer l’autonomie
Tout au long de la prise en charge, le kinésithérapeute met en valeur les progrès, même minimes. Cela renforce le sentiment d’auto-efficacité, indispensable dans la rééducation des TNF.
Témoignage :
« Je me suis remise à marcher seule jusqu’à la boîte aux lettres. J’ai vu la fierté dans les yeux du kiné. Je me suis dit : OK, c’est possible. »— Samia, 45 ans
6. Conclusion
La kinésithérapie dans les troubles neurologiques fonctionnels moteurs ne se résume pas à « faire bouger ». C’est une démarche globale, progressive et coopérative, qui commence bien avant le premier exercice.
Ce processus repose sur :
Un bilan complet
Une relation thérapeutique de qualité
Une communication claire et imagée
Une écoute profonde de l’histoire du patient
Et surtout, sur une conviction partagée : "Ce n’est pas irréversible. On peut réapprendre."
À suivre…
Dans le prochain article, nous verrons les techniques concrètes utilisées en kinésithérapie pour les TNF moteurs : miroir, imagination motrice, exposition progressive, mouvements fonctionnels... Spoiler : il y aura plus de neurones que de haltères !
7. Pour aller plus loin
7.1. Lecture recommandée
Les troubles neurologiques fonctionnels, coordonné par Béatrice Garcin, Alexis Homs et Isabel Tavares👉 Disponible sur Amazon
7.2. Articles liés sur le blog Ensemble TNF-CAA

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